En 2018, Amablanc sort son premier album Room 1, teinté d’une atmosphère mélancolique façon DIIV, de riffs à la Sonic Youth et d’envolées contemplatives façon GodspeedYou! Black Emperor. Le groupe revient en automne 2020 avec un deuxième album dans lequel on retrouve des sonorités noise rock avec des titres tantôt efficaces et dansants, tantôt crus et mélancoliques.

Tchewsky & Wood, c’est du pur rythme qui se transforme en sonorités parfois rock, parfois électro, parfois technoïdes. Des sons qui se cherchent dans une transe d’aujourd’hui. Leur cold wave aussi puissante qu’étrange, chantée en anglais ou en russe d’une voix grave et saisissante se révèle immédiatement addictive. 

Le boogie patibulaire et oppressant de Broken Waltz provoque une fièvre froide. L’un à la batterie et au chant, l’autre à la basse, ils se servent de ces éléments mêlés avec goût et références solides, à de savants trafics sonores, pour nous offrir deux albums coup sur coup, remplis des tempêtes anglo saxonnes qui envoient leurs vents décoiffants jusqu’ici. Du saxophone, de l’orgue, une voix féminine viennent parfois rejoindre ce duo délibérément revendiqué anti guitare, une façon d’imposer une griffe redoutable sur ces créations tonitruantes sorties d’un atelier d’artisans étincelants. Les paroles et la voix écorchées résonnent sous la lumière d’une lune inquiétante en cette mystérieuse terre de bonheurs… 

La messe est donnée, tel une incantation chamanique, les 7 membres de ce « super band » né de la fusion entre Moundrag et Komodor nous amènent faire une virée entre rock progressif et heavy psychédélisme pour un projet à l’énergie 100% débordante !

Arrivés en bizuts dans le giron Born Bad à l’occasion des 10 ans, Cannibale s’assoit aujourd’hui, et à une place de choix, à la table des groupes tenanciers du label. Auteurs de concerts  complètement frelatés, les Normands devraient continuer avec leurs nouveaux titres à mettre à l’amende toutes les fosses des stades du continent. À l’avenir, pour sûr, ce Life is Dead occupera un chapitre à part dans l’étude anthropo-ethno-socio-musicologique qui leur sera consacrée. Un moment un peu post-mortem de pleine création. 

Pour la sortie de l’étude, tablez sur le 6 novembre 2037. Le groupe aura 20 ans, Born Bad 30. De quoi faire encore de belles choses. A l’évocation de cette absurde date, trouvée dans les limbes de leur Bandcamp, le broussailleux visage de Nicolas s’illumine sous des faux airs de George Hayduke, le tempétueux et dynamiteur personnage d’Edward Abbey. Ses yeux fous et malicieux s’écarquillent et dans un sourire carnassier, il s’amuse : « laissons planer le doute. »

© Rémi Morvan